Vrais et faux cadrans de Rolex Daytona Paul Newman : comment les distinguer ?

41Watch vous propose en collaboration avec Fabrice Guéroux cet article sur les cadrans Paul Newman, un sujet parfois épineux à appréhender, et particulièrement intimidant pour les néophytes.

La Rolex Daytona cadran exotique dit « Paul Newman » ou « PN » est probablement l’une des montres les plus mythiques du marché de la collection, c’est l’équivalent de la Ferrari 250GTO ou de la Ferrari 365 GTB/4 (surnommée Daytona accessoirement) du marché de l’automobile de collection…

Nous avons eu l’occasion d’aborder ce modèle sous des aspects techniques (avec notre revue complète de la Daytona 6239 Paul Newman), ou historique (avec l’histoire de la Rolex Daytona).

Aussi, depuis plus d’une dizaine d’années, de longs débats sur les cadrans Rolex Paul Newman ont occupé les esprits des collectionneurs, et il est vrai que si l’on considère les enjeux, à savoir le prix d’une PN aujourd’hui, c’est assez légitime... Pour un collectionneur novice ou un amateur averti, cela peut paraître bien compliqué. C’est pourtant assez simple et nous allons essayer ici de rendre l’information disponible facilement.

Illustration de la Rolex Daytona 6239 "Paul Newman"

Le sujet principal concernant les cadrans de Rolex Daytona Paul Newman (ou « cadrans exotiques ») reste à ce jour le fameux dossier « Step » / « Non-Step ». Nous trouvons également l’appellation « Non-Step » sous des noms différents comme « Texas Dial » ou encore « John Mayer dial ». Et si vous surfez sur le web avec ces mots clés, vous tomberez assez rapidement dans une réelle confusion. Mais de quoi s’agit il ?

Pour faire simple, distinguons 3 catégories de cadrans qui circulement sur le marché :
1. Cadran original (différentes versions suivant les années)
2. Cadran non-step (considéré faux mais dont la provenance n’a pas réellement été découverte)
3. Cadran contrefait en vente sur le marché

Nous nous sommes attachés à vous montrer par des illustrations ce qui fait qu’un cadran est original, ce qu’est un « non-step » et enfin, à quoi l’on peut reconnaitre « facilement » des cadrans contrefaits (nb : pour ce qui est de contrefaçons « classiques » identifiées à ce jour)

Les cadrans dits "originaux"

Il existe beaucoup de versions de cadran « Paul Newman » produites au fil des ans : Panda, ROC (Rolex/Oyster/Cosmograph), RCO (Rolex/Cosmograph.Oyster), deux couleurs, trois couleurs, génération 1, 2, 3... De quoi s’y perdre très rapidement… Illustrations ci-dessous avec quelques exemples…

Cadran « Panda » sur Rolex Daytona 6262

Cadran « trois couleurs » sur Rolex Daytona 6263

Rolex 6263 cadran trois couleurs (compteurs minutes gradués rouges). RCO : inscription ROLEX/COSMOGRAPH/OYSTER et DAYTONA. (Crédit photo © Christie’s).

Toutefois, il existe un dénominateur commun à ces cadrans, sur lequel le monde de la collection s’est mis

Rolex 6262 cadran « Panda » deux couleurs (compteurs minutes gradués blancs). Inscription ROLEX/COSMOGRAPH/DAYTONA. (Crédit photo © Christie’s).

d’accord. Les cadrans Paul Newman sont manufacturés sur une plaque dite « Step » (marche). Illustrons cela afin d’en avoir une parfaite compréhension. Ces cadrans en laiton étaient fabriqués par la société Singer, l’un des principaux cadraniers de la société Rolex.

Représentation en deux dimensions d’un « step dial »

Représentation en trois dimensions d’un « step dial »

Vu ainsi, l’identification est relativement simple… Évidemment, il est nécessaire de voir la montre car une photo de face rend difficile la différenciation entre un cadran « Step » et un cadran « Non-Step ».

Il existe de nombreuses déclinaisons de cadrans Paul Newman, dont certaines ne sont pas originales. Un cadran Paul Newman en version :
ROLEX
OYSTER
COSMOGRAPH
DAYTONA
…n’a tout simplement pas été produit.

Les différentes configurations de cadran de Rolex Daytona "Paul Newman"

Les tableaux ci-dessous représentent les configurations vues à ce jour et ce depuis le début de la production des modèles Paul Newman.

Pour les références non-marquées « OYSTER »

Pour les références marquées « OYSTER »

Les cadrans dits "non step"

Voyons maintenant un cadran « Non-Step », désormais considéré comme faux. Nous précisons bien « désormais » car comme dit plus haut, cela a été longuement discuté, depuis les cercles de collectionneurs jusqu’aux tribunaux… Les différents protagonistes ayant investigué sur ce cadran ont in fine statué qu’il n’était pas original, même si aucun d’entre eux n’a jamais pu vraiment savoir s’il avait été fabriqué par Singer puis refusé par Rolex pour finalement être « sorti » de la firme et revendu à des collectionneurs ou marchands, ou s’il a été fabriqué par un tiers…

Toujours est-il qu’il peut à ce jour être considéré comme faux en dépit d’un certain nombre de ces cadrans actuellement en circulation.

Représentation en deux dimensions d’un cadran « non-step »

Représentation en trois dimensions d’un cadran « non-step »

Ces illustrations seront sans doute plus faciles à décoder qu’une dizaine d’articles sur le sujet, surtout si on considère que la chronologie de ces derniers commence vers 2013/2014. Difficile donc de s’y retrouver tant les discussions ont évolué au fil du temps. Ajoutez cela les « Non-Step » vendues par des maisons de ventes aux enchères de renom avec des descriptions justifiant la légitimité du cadran et vous serez vite dans une confusion digne de ce nom. Les cadrans « Non-Step » sont aujourd’hui considérés comme des cadrans non-conformes, tout simplement. Peut-être qu’un jour un document officiel viendra démentir cela mais cela n’est pas encore arrivé.

Et pour corser l'affaire, n'oublions pas les cadrans produits (encore à ce jour), par des contrefacteurs plus ou moins doués… mais malheureusement présents sur le marché de la pièce de montres anciennes.

Les cadrans contrefaits de Rolex Daytona "Paul Newman"

Nous procéderons ici à quelques comparaisons avec un vrai cadran. La contrefaçon que nous prenons pour modèle correspond à un seul cadran et il existe probablement d’autres faux cadrans présentant des attributs différents. Mais il est intéressant de noter qu’un faux cadran, s’il présente des différences entre les productions et fournisseurs, les cadrans Rolex originaux présentent, quant à eux, les mêmes particularités, suivant leurs années de production. On ne s’attardera pas sur cela car des sites spécialisés proposent déjà une littérature illustrée suffisamment importante.

Nous allons aborder 3 aspects de cette contrefaçon

La vue générale du cadran

Vue d'ensemble du faux cadran

Le cadran ci-dessus est considéré comme un faux cadran : il est "No-Step" et la configuration de ses inscriptions est non-conforme “ROLEX-OYSTER-COSMOGRAPH-DAYTONA” (ROC).

La gravure "Singer"

Les cadrans « Paul Newman » étaient produits par la société SINGER. Ls contrefacteurs n’ont pas hésité à apposer cette « signature », eux aussi.

Fausse gravure SINGER.

Il est intéressant de Noter les différences de polices de caractère (font), notamment la barre oblique du « R » et le logo « SJ » (Jean Singer) (barre gauche du « J »).

Gravures originales. ©Perezcope.

Police de caractère et impressions

Même si les cadrans Paul Newman originaux présentent des différences d’impression suivant les références et années de production, il n’en reste pas moins que les outils utilisés respectent une certaine homogénéité, ce qui est loin d’être le cas pour les productions de faux cadrans.

« T SWIS T » présentant une fois de plus la mauvaise police de caractère.

Impressions originales (effets de vagues, ou pyramides). ©Perezcope.

Compteur des minutes présentant une mauvaise police de caractère.

Impressions originales. ©Perezcope.

Quel avenir pour les cadrans de Rolex Daytona Paul Newman

Puisque que tout le monde s’est mis d’accord sur la légitimité des cadrans « Non-Step » (et non sur sa provenance), il n’est finalement pas si difficile de se faire une idée sur un cadran Paul Newman original. Toutefois, il reste à considérer l’évolution des techniques des contrefacteurs. Les outils utilisés aujourd’hui par les différents restaurateurs, notamment lors de restaurations de boitiers usagés, nous montrent que les limites peuvent largement être dépassées. Restons vigilants !

Par Fabrice Guéroux, avec 41Watch